Jay

Le solo intitulé Jay, nous parle d’une humanité qui s’inscrit dans une pulsion énigmatique, une sorte de convulsion dévorante et érotique. Ce projet trouve son origine dans le roman gothique Le Corps Exquis de l’auteure queer Popy Z. Brite, histoire d’amour entre Jay et Andrew, deux tueurs en série de la Nouvelle-Orléans qui construisent leur relation au monde dans les soubresauts des victimes de leurs crime-rituels.

Yohann exploite ici une écriture construite à partir de cette expérience particulière du corps, faite par les deux personnages. Tout est à la fois expérience fascinante et révoltante, douloureuse et jouissive. Dans le récit de Brite — construit sur les rituels inventés par les serial killers — Yohann a choisi de travailler et d’épuiser le motif de la cage thoracique, motif récurrent dans la relation qu’entretiennent les deux personnages du roman avec leurs victimes. Morceau de corps qui concentre en lui une sorte de puissance syncopée, la cage thoracique est chez Yohann le lieu d’absorption et d’explosion d’un souffle qui articule tous ses mouvements, ses passions et ses émotions. Yohann va également puiser dans le twerk — danse née à la Nouvelle-Orléans dans les années 90, années durant lesquelles se situe l’histoire de Jay et Andrew — pour nous plonger un peu plus dans l’atmosphère convulsive, jouissive et sensuelle de ce solo.

D’un rouge amour, explosif et sanguin, la plateau deviendra petit à petit le théâtre d’un voyeurisme de la frustration, et si le public était finalement le couple et l’interprète la victime. Cette notion de frustration est essentielle afin d’amener au mieux l’érotisme et la sensualité que les protagonistes sont obligés de mettre en œuvre afin d’assouvir leurs besoins.

Cette création constitue avec Thymbra une sorte de diptyque qui, derrière le motif de la mort, laisse entrevoir la volonté d’un dépassement des corps et de leurs résistances dans la vie. (BV)

Générique :
Jay, solo, 42 mn, 2019/2024.
Mise en scène et chorégraphie : Yohann Baran
Interprète : Yohann Baran

Coproduction Centre Chorégraphique National, Roubaix Hauts-de-France – Sylvain Groud. Résidence de création : Point Éphémère, Paris
Résidence de creation et résidence technique : Le Gymnase CDCN, Roubaix
Accueil studio : Ballet du Nord – Centre Chorégraphique National Nord-Pas de Calais
Le projet Jay bénéficie du dispositif Tremplin de la DRAC Hauts-de-France